lundi 4 février 2008

seule et à pied.




«Jamais je n'ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j'ose ainsi dire, que dans ceux que j'ai faits seul et à pied. La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées: je ne puis presque penser quand je reste en place; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne e marchant, la liberté du cabaret, l'éloignement de tout ce qui me faire sentir ma dépendance, de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l'immensité des êtres pour les combiner, les choisir, me les approprier à mon gré sans gêne et sans crainte. Je dispose maître de la nature entière; mon coeur errant d'objet en objet s'unit, s'identifie à ceux qui le flatent, s'entour d'images charmantes, s'enivre de sentiments délicieux. »

JEAN-JACQUES ROUSSEAU

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